Discours du 3-Juillet : comment Macky Sall a gardé jusqu’au bout son secret
Après des années de confrontations entre juristes, de conjectures et de polémiques, Macky Sall a mis fin au suspense lundi dernier. Dans un discours à la nation d’une trentaine de minutes environ, le chef de l’État, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé qu’il ne briguera pas un troisième mandat en 2024.
D’après plusieurs sources concordantes, le président de la République avait fait son choix depuis belle lurette. Mais sa décision était le secret le mieux gardé de la République jusqu’à sa révélation lundi soir. Le journal Le Monde affirmait la semaine dernière que seuls la Première dame, Marième Faye, et un conseiller de l’ombre du Président étaient dans le secret.
Serigne Mountakha et le «grand-frère»
L’Observateur a pour sa part laissé entendre dans son édition de ce mercredi que quelques autres personnes étaient au courant de ce que Macky Sall allait dire. Et à l’intérieur de ce cercle restreint, le journal intègre le khalife des mourides, «une poignée (d’autres) chefs religieux très proches du Président» et un «éminent professeur» dont le rôle était de saisir le texte du message présidentiel.
Selon L’Observateur, le chef de l’État a lancé le compte à rebours par une série de consultations secrètes débutées le 5 juin. Ce jour-là, dans la soirée, il rend visite à Serigne Mountakha Mbacké et lui confie les «grandes décisions qu’il devait prendre». Dans la foulée, il met au parfum d’autres religieux proches avant de s’ouvrir, le 14, «dans la soirée», souligne le journal du Groupe futurs médias, à un «grand-frère» aux «racines sénégalaises» basé en France.
«Un éminent professeur»
Samedi 24 juin, après avoir reçu les conclusions du Dialogue national, Macky Sall s’envole pour La Mecque. L’Observateur affirme qu’il avait «déjà en tête la trame de l’adresse à la Nation qu’il comptait faire».
«Les idées sont claires et les sujets à aborder bien choisis», ajoute le journal. Qui rapporte que le chef de l’État s’appuiera sur «un éminent professeur pour la saisie de son texte». «Il met ainsi à l’écart l’équipe traditionnelle chargée de la rédaction de ses discours», révèle la même source.
Celle-ci indique que pour couronner le culte du secret, Macky Sall se détourne de ses comptes mails habituels pour faire circuler le document. Tout sera parfaitement verrouillé jusqu’au bouclage du discours, lundi, jour de l’adresse tant attendue.
Amadou Sall, Direct, clim…
Le jour j, rapporte L’Obs, Macky Sall est arrivé au Palais en compagnie de son fils aîné, Amadou Sall. Le directeur général de la RTS était averti quelques jours plus tôt que le président de la République s’adressera à la Nation au siège de la Présidence et en Live, chose rarissime.
«C’est la première fois que le chef de l’État décide de parler, de faire une déclaration solennelle en direct. Un choix dicté par la volonté d’éviter que son message soit parasité», justifie une source du journal.
Cette dernière ajoute : «C’est lui-même qui a fixé l’heure de son maquillage et ordonné que la climatisation de la salle soit éteinte après deux minutes de lecture.»
Une minute avant 20 heures…
Ce n’est qu’à une minute de sa déclaration que Macky Sall a lâché son texte, qui sera inséré dans le téléprompteur. Seuls quatre témoins étaient dans la salle : l’aide de camp du chef de l’État, Meïssa Sellé Ndiaye, le secrétaire général de la Présidence, Oumar samba Ba, le chargé de la com présidentielle, Yoro Dia, et le directeur de la RTS, Racine Talla.
«Ils ont appris la décision du Président au même moment que tous les Sénégalais. Et il en est de même pour tout le monde : responsables de l’APR, alliés politiques, amis ou proches, personne ne savait ce que le Président allait dire», jure une source de L’Observateur.