Mort De L’étudiant De L’UGB: Les Universités A L’arrêt Aujourd’hui

Les manifestations qui ont eu lieu vendredi à Dakar et dans plusieurs localités du pays, en protestation contre le report sine die de la Présidentielle, ont fait trois morts dont un étudiant à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Pour exiger la lumière sur les circonstances du décès de Alpha Yéro Tounkara et fustiger la violence exercée sur les manifestants, étudiants et enseignants des universités publiques du Sénégal mettent en branle, dès ce lundi, la machine de la grève.

«Journée morte», c’est la première décision prise par la Coordination des étudiants de Ziguinchor, suite à la mort d’un étudiant à Saint-Louis. En solidarité avec leurs camarades de l’université Gaston Berger, les étudiants de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) ont appelé à une cessation de toutes les activités pédagogiques et festives dans le temple du savoir. Mais le communiqué publié dans la nuit du vendredi n’a pas calmé les ardeurs. Tard dans la soirée, les apprenants ont laissé libre cours à leur colère et barricadé la route, devant le portail de l’université, en y érigeant un véritable mur à l’aide de briques, soutenues par des tableaux d’affichage en fer. «Nous condamnons ces actes inhumains et dégradants des Forces de défense et de sécurité sur les manifestants. La Constitution sénégalaise confère à tous les Sénégalais le droit de manifester. Si aujourd’hui l’on voit ces manifestants subir de tels actes, l’on peut dire que c’est déplorable», dénonce Hamady Sow, membre de la coordination. Celui qui est, par ailleurs, Secrétaire général de l’amicale de l’Ufr Science économique et sociale, dit avoir constaté avec amertume qu’à chaque manifestation, les étudiants sont les premières victimes. «Hier (vendredi Ndlr), on a eu à décréter 24h non renouvelables de cessation de toute activité. Nous allons convoquer une réunion d’urgence et nous réunir pour apporter notre soutien aux camarades de Saint-Louis. Mais aussi fustiger avec fermeté ce qui se passe dans le pays. Le Sénégal est un pays connu à travers le monde pour sa démocratie et ses valeurs culturelles et sociales très rigides», ajoute-t-il.

Perturbations des enseignements en vue
Les universités sénégalaises risquent de connaître des moments mouvementés dans les jours à venir. En effet, à l’instar de l’Uasz, d’autres universités comme l’Ucad, l’Uadb ont affiché leur colère face à la situation qui prévaut dans le pays. Via des communiqués, les syndicats d’étudiants appellent à la mobilisation estudiantine pour rendre justice à leurs camarades tombés sous les balles et dénoncer la brutalité policière dans les manifestations qui ont suivi le report sine die de la Présidentielle. «Face à cette abomination, la Coordination des amicales d’Ufr de l’université Alioune Diop de Bambey décrète soixante-douze heures (72h) d’arrêt des cours à partir de ce samedi», peut-on lire dans le communiqué. Même rengaine du côté de l’université Iba Der Thiam de Thiès, où la Conférence des amicales d’étudiants appelle à une paralysie de l’université en respectant le mot d’ordre de 72h sans cours pour «honorer la mémoire de (leur) camarade».

Du côté des enseignants, la nouvelle n’est pas tout aussi rassurante. «La mort de Alpha Yéro Tounkara est de trop. Elle constitue le troisième cas en moins d’une décennie, après celles de Bassirou Faye en 2014 et Mouhamadou Fallou Sène en 2018», fustige pour sa part le Syndicat autonome des enseignants du supérieur. Toujours, d’après le Saes, «la mort d’un étudiant est devenue banale aux yeux des autorités politiques en ce sens qu’aucune des morts n’a été, pour le moment, élucidée». Le syndicat exige également toute «la lumière sur la mort de l’étudiant Alpha Yéro Tounkara et celle des autres victimes, et la cessation immédiate de l’usage disproportionné de la force contre (nos) compatriotes». Dans un autre communiqué consacré à son plan d’actions de protestation, le Saes décrète une université morte en observant une grève de 48h les lundi 12 et mardi 13 février. Une façon de plonger les universités publiques sénégalaises dans une véritable paralysie.

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