SCANDALE À LA POUPONNIÈRE DE NDELLA MADIOR DIOUF : LES RÉVÉLATIONS TERRIFIANTES D’UNE NOUNOU
Décès, vol d’enfant…, la pouponnière de Ndella Madior Diouf est au cœur d’un gros scandale. Une nounou qui s’est confiée à Seneweb fait de graves révélations, battues en brèche par l’initiatrice de Sos Keur Yeurmandé.
La pouponnière Sos santé Keur Yeurmandé de Ndella Madior Diouf est en passe de devenir un enfer pour les enfants. Présentée en grande pompe sur les chaînes de télévision comme « une pouponnière Vip » (sic), il y a moins d’un an, l’opération de communication s’est très vite dégonflée comme un ballon de baudruche, levant le voile sur un gros scandale aux allures de trafic d’enfants. Du moins à en croire une nounou qui s’est confiée à Seneweb sous le couvert de l’anonymat.
« Je dépense 400 000 FCFA pour chaque enfant. C’est beaucoup mais c’est mon choix. Ces enfants sont maintenant les miens et je vais les entretenir jusqu’à leur 18 ans », avait déclaré la fille de Madior Diouf. Entre cette déclaration et la réalité sur les lieux, il y a un monde, à en croire la nounou qui croit que la directrice de Safir Fm donne le nom d’illustres personnalités à ces enfants dans le but de se faire de l’argent.
Journaliste reconvertie en nounou pour gagner sa vie faute d’un emploi dans le domaine de la presse, notre interlocutrice raconte l’horreur que vivent les enfants de la pouponnière de Ndella. « J’ai ma licence 3 en journalisme et communication. J’ai fait six mois de stage dans une radio de la place mais je n’avais pas de revenus. J’ai décidé d’aller travailler dans la pouponnière de Ndella Madior Diouf pour subvenir aux besoins de ma famille. Avec mes deux sœurs on est allé travailler chez elle puisqu’elle nous proposait un salaire de 60 000 francs CFA », explique-t-elle.
Pensant avoir trouvé le bon filon pour enfin remettre le sourire sur le visage de sa mère, elle et ses deux sœurs se rendent à la pouponnière pour prendre leur poste, le lundi 11 décembre 2023. « A notre arrivée, on a trouvé 3 nounous et une femme enceinte. Moi on m’a affecté le premier étage où logent plus de 40 enfants âgés de 1 an à 1 an et six mois. Il y a d’autres enfants au 2e étage et des nourrissons au rez-de-chaussée. Comme elle l’a déclaré, il y a une centaine d’enfants à la pouponnière. Avec mes deux sœurs, on a démissionné le lendemain mardi 12 décembre 2023 à 6 heures du matin parce qu’on ne supportait plus de voir l’état pitoyable dans lequel vivent ces enfants », confie-t-elle.
« Les enfants sont tellement affamés qu’ils mangent leurs selles »
Psychologiquement atteinte par la situation « catastrophique » qu’elle a constatée, elle décrit l’enfer. « Ce qui m’a frappé en premier c’est l’état dans lequel j’ai trouvé ces enfants. Les enfants sont affamés parce qu’ils ne mangent pas à leur faim, et vont jusqu’à manger leurs selles. Ils souffrent tous de malnutrition aigüe. Ils ressemblent à ces enfants affamés qu’on voit dans les zones de guerre. Ndella Madior Diouf s’en fiche royalement de la santé de ces enfants. Qu’ils vivent ou qu’ils meurent lui est égal », martèle la jeune fille meurtrie par ces images insoutenables qui font bouillonner son cerveau à en devenir dingue.
De 12 heures à 15 heures, poursuit-elle, je devais constamment laver les selles des quarante enfants sous ma charge. Un fait m’avait intrigué : leurs selles étaient de couleur verte. C’est à cette heure précise (15 heures) qu’on leur donne à manger de la bouillie de vermicelles dans deux bols pour plus de 40 enfants. Quand on a servi le repas, il fallait les voir ! Les enfants m’ont carrément attaqué tellement ils sont affamés ».
Au dîner (18 heures) également, la pouponnière Vip ne propose pas mieux que la gargote du coin en guise de menu. Deux bols de Mbaxxal (plat sénégalais à base de riz et de poissons) très pauvre en garniture sont servis à ces bouts de choux livrés à eux-mêmes. « Ils ont mangé tout le repas mais ils continuaient à pleurer de faim parce qu’il n’y en avait pas suffisamment. La femme enceinte que j’ai trouvé sur place me dit : ‘éteint la lumière ils vont finir par s’endormir’ », narre la nounou.
Des décès enregistrés
Après une nuit blanche et un choc émotionnel grave, notre interlocutrice et ses deux sœurs quittent les lieux le mardi 12 décembre à 6 heures du matin. « J’ai demandé à mes sœurs de prendre nos bagages et rentrer. Le vendredi, les trois autres nounous nous ont appelé pour nous dire qu’elles quittent elles aussi parce qu’il y a eu des cas de décès. Elles m’ont dit que récemment l’enfant à qui Ndella a donné le nom de Youssou Ndour est décédé. Même le cas de vol de bébé que Ndella a révélé n’en est pas un. La réalité est que c’est la mère biologique qui est venue reprendre son enfant », accuse-t-elle.
Notre interlocutrice s’est rendue à la Police de Dieuppeul et au village Sos enfants pour alerter les autorités compétentes sur les agissements « graves » de Ndella Madior Diouf.
« Ce sont des pro-Sonko qui sont derrière tout ça » (Ndella)
« Ce sont les pro-Sonko qui sont derrière ça. Ils ont envoyé ces filles m’infiltrer parce que j’ai dit que je soutiens Amadou Ba pour la présidentielle du 25 février 2024 », a déclaré Ndella Madior Diouf jointe par Seneweb. Balayant certaines de ces accusations d’un revers, Ndella accuse les nounous, à son tour, de « sabotage ». « Les enfants mangent à leur faim. Certaines nounous étaient en mission sabotage. Elles refusaient de stériliser les biberons. C’est la femme du ministre Mansour Faye qui vient de passer à la pouponnière, elle m’a offert des stérilisateurs », confie la fille de Madior Diouf.
Interpellée sur les décès enregistrés dans sa pouponnière, elle dégage ses responsabilités en renvoyant la balle aux nounous et à l’hôpital Albert Royer où ces décès ont été constatés. « Les cas de décès c’est à l’hôpital Albert Royer pas à la pouponnière. C’est tout ! Qui a tué Zouleykha si ce n’est une nounou ! Il y a eu deux décès et je ne dois pas vous donner leurs noms. C’est privé ! La nounou qui a évacué l’enfant décédé à Albert Royer l’a filmé en pleine agonie. (…) L’immeuble c’est 8 étages, je ne peux pas être partout. Chaque niveau à un responsable », se défend-elle.
Quid de l’agrément de l’État ? « C’est une association. J’ai saisi le ministère de la femme. Ce qui se passe c’est que les journalistes sont en train d’être manipulés. On veut reprocher à Ndella Madior Diouf de s’occuper des enfants alors qu’avant Keur Yeurmandé les enfants étaient jetés dans les poubelles. J’ai eu mon association reconnue par l’État depuis 1995. C’est sur cette base que je prends en charge ces enfants et j’ai saisi le ministère de la femme, ceux de l’intérieur et de la santé pour qu’ils m’accompagnent et c’est ce qu’ils sont en train de faire », souligne Ndella Madior.